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Les Yawalapiti enregistrent leur culture

En 1943, le gouvernement brésilien monte l'expédition Rocandour-Xingu avec comme objectif d'établir le contact avec de nombreux groupes amérindiens localisés dans la région centrale du Brésil. Cette mission est confiée aux frères Villas Boas qui, durant quarante ans, auront la délicate charge d'amortir le choc brutal entre deux civilisations que tout oppose. Le Parc du Xingu est officiellement crée en 1961 dans le nord du Mato Grosso, une région de transition entre le cerrado et la forêt tropicale. Le parc abrite de nombreuses communautés amérindiennes (Aweti, Ikpeng, Kaiabi, Kalapalo, Kamaiurá, Kuikuro, Matipu, Mehinako, Mahukwá, Suya, Tapaiuna, Trumaï, Waurá, Yawalapiti, Yudja) et est parcouru par le Xingu - affluent de l'Amazone - et de nombreuses rivières.

Cette région est riche en vie animale : jaguars, tapirs, cabiais, oiseaux, singes, cochons sauvages, etc, peuplent les terres fermes alors que les rivières, lacs et lagunes sont colonisés en grandes quantités par les poissons comme les tucunarés, pacus, matrinxas, etc.

L'année est divisée en deux saisons distinctes : la saison humide d'octobre à avril et la saison sèche de mai à septembre. Les Indiens adaptent leurs activités économiques et culturelles en fonction de ces deux périodes. La saison sèche est la période des expéditions de pêche et de collecte ainsi que celle des grandes cérémonies.

Les groupes amérindiens du Parc indigène du Xingu appartiennent à des familles linguistiques différentes : aweti, tupi-guarani, juruna, aruak, karib, trumaï, jê. Or, il est intéressant de noter que les Amérindiens ont réussi à établir un système d'échange inter-tribal qui a favorisé une certaine uniformité de la culture indigène. 

De nombreux rituels pratiqués par un groupe ont été adoptés par les autres tribus. Ainsi, le Kuarup d'origine Kamaiurá, le Javari, rituel des Trumaï ou bien encore la fête des femmes du Yamarikumá des kalapalo sont inscrits aux calendriers des cérémonies de tous les villages.

Mais comment maintenir la vivacité des traditions dans un contexte de mutations ? Tel est le défi que doivent relever la plupart des ethnies amérindiennes des basses terres d'Amérique du Sud. Les peuples du Parc du Xingu ne sont pas épargnés par les agressions extérieures - écologiques, sociales, culturelles - et désirent agir avant que les limites irréversibles ne soient franchies.

Objectifs
Le projet Alapi : En visite en France début 2007, Pirakuman, chef Yawalapiti, nous fait part de ses préoccupations : il regrette l'abandon d'un savoir-faire traditionnel. Il demande le soutien de tous pour mettre en place un programme de formation de la jeune génération par les "anciens" à l'artisanat traditionnel ainsi qu'à la sauvegarde de la langue Yawalapiti (famille arak) parlée par seulement sept personnes. Il veut également entreprendre un travail d'enregistrements de sa culture avec l'appui de la vidéo et d'un magnétophone.
L'association Jabiru Prod, avec le soutien du musée d'Histoire Naturelle de Lille et d'ICRA, relève le défi et finance les premières actions : vannerie, art de la plume et céramique chez les Mehinaku ; apprentissage de la langue et réalisation d'un film documentaire chez les Yawalapiti.

Responsable
Pirakuman

Partenaires
Fondation Anako, le Musée d'Histoire Naturelle de Lille.

Réalisations
• Dans le cadre du programme Alapi, ICRA a prêté, à la demande de la communauté Yawalapiti, une caméra numérique pour la réalisation d'un film sur le rite funéraire Kuarup, tourné et réalisé par des membres de la communauté. • ICRA, part son département culturel le FMCA, a débloqué une somme de 1500 euros (achat de la caméra et de cassettes). 30 heures de film ont été tournées par une équipe autochtone.
• Le montage d'un premier film destiné à la seule communauté Yawalapiti et intitulé Itsatxi a été réalisé. 16 Dvd ont été réalisés à partir de ce film et ont été remis à chacune des 16 familles qui constitue la communauté Yawalapiti. Anako parvient à obtenir un budget de France télévision pour la réalisation - en accord avec la communauté Yawalapiti - d'un deuxième film. Ce film porte sur le projet lui même et permet aux leaders Yawalapiti d'exprimer leurs préoccupations et leurs motivations pour ce projet. 10 000 euros issus de cette production sont consacrés à la poursuite de ce projet et au financement de plusieurs autres projets voulus par les Yawalapiti, notamment :• Le financement d'un groupe électrogène qui est utilisé par la petite école Yawalapiti.
• L'acquisition d'une deuxième caméra, d'un stock de films HDV et d'une station de montage numérique qui leur permettront d'assurer eux-mêmes la réalisation de films de A à Z. 
• La réalisation et la publication à l'attention des familles Yawalapiti d'un livre rassemblant les mythes et les légendes.
• La fourniture de carburant pour les moteurs des bateaux permettant aux leaders Yawalapiti de se rendre aux différentes réunions qui se tiennent à l'extérieur du parc indigène et qui leur permettent de porter leur voix le plus haut qu'il soit possible.

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