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Équateur : un vote stoppe l’exploitation d’un gisement pétrolier

Le pétrole restera sous terre. Suite au référendum d’août dernier, les quelque 13 millions d’Équatoriens en ont décidé ainsi : le pays se passera de la manne financière que représente l’exploitation du Bloc 43, situé en grande partie dans le parc naturel de Yasuni et responsable de 12 % de la production nationale d’or noir du pays.
En 2006, ICRA avait soutenu l’initiative Yasuni-ITT qui demandait la fin de l’exploitation pétrolière pour protéger ces territoires indigènes.

Si le manque à gagner a été l’argument majoritaire du gouvernement sortant, les défenseurs de l’environnement ont relativisé les chiffres brandis par les responsables politiques. Quand l’entreprise nationale Petroecuador évaluait à 14,5 milliards d’euros les pertes que l’arrêt de ce projet représenterait sur vingt ans, les partisans de l’arrêt de l’exploitation ont, eux, rappelé que ces chiffres ne prenaient pas en compte le caractère très fluctuant des prix du pétrole, les coûts de production, et surtout les dommages causés aux écosystèmes.

Via les urnes, c’est bien la protection de ces derniers et la lutte contre le dérèglement climatique qui semblent avoir triomphé. Or en termes d’environnement, le parc du Yasuni a de quoi impressionner. Considérée comme une réserve de biosphère par l’Unesco, cette partie de la forêt amazonienne située à 250 km à l’est de Quito, la capitale, est également la terre de deux des dernières populations amérindiennes en autarcie volontaire, les Tagaeri et les Taromenane. Le Parc de Yasuni, enfin, abrite en moyenne, sur une parcelle d’un hectare seulement, plus d’espèces de végétaux que toute l’Amérique du Nord.

Depuis 2007, ces terres luxuriantes de l’Équateur sont également protégées par la Constitution, qui reconnaît aux peuples autochtones « la propriété collective de la terre, en tant que forme ancestrale d’organisation territoriale ». De la terre, mais pas de son sous-sol riche en pétrole, propriété de l’État, ce qui a été remis en cause par ce référendum historique.(…)

Des tentatives visant à laisser le pétrole sous terre ont néanmoins émergé ces dernières décennies avec des mouvements de résistance, déjà anciens, à l’exploitation pétrolière, en particulier dans les pays tropicaux, les territoires indigènes et les aires protégées. 
Avant le vote de cet été, il y eut en Amazonie équatorienne, dès le milieu de la décennie 2000, un projet inédit – dit initiative Yasuni-ITT – d’arrêt de l’exploitation d’un gisement pétrolier, et donc de préservation de l’environnement et de défense des peuples autochtones…
M.DAMIAN, The conversation

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