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Des populations autochtones de plus en plus pauvres et marginalisées

Trente ans après l’adoption de la seule convention internationale traitant des droits des peuples indigènes et tribaux, un rapport récemment publié par l’OIT constate que ces derniers sont, d’une manière générale, encore plus pauvres et davantage confrontés à des problèmes particuliers dans le monde du travail.

L’Organisation internationale du Travail (OIT) déclare qu’il est urgent de s’attaquer au niveau élevé de pauvreté et d’inégalité auquel sont confrontées les populations autochtones.

Selon un nouveau rapport de l’OIT, publié pour célébrer le 30ème anniversaire de la convention (n° 169) relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989 , les populations autochtones présentent près de trois fois plus de risques de vivre dans une situation d’extrême pauvreté que les autres catégories de la population.

Les populations autochtones représentent près de 19% des plus démunis (personnes vivant avec moins de 1,90 dollars par jour). Et même lorsqu’on applique des seuils de pauvreté moins restrictifs (à 3,20 et 5,50 dollars par jour), on recense un nombre disproportionné de pauvres parmi les populations autochtones. De plus, indépendamment de la région et de leur lieu de résidence (zone rurale ou zone urbaine), ces dernières représentent une part importante des pauvres dans le monde.

«Les progrès accomplis pour améliorer la vie des populations autochtones sont trop lents», estime Martin Oelz, spécialiste de l’OIT et coauteur du rapport. «Un plus grand nombre de ratifications de la convention n° 169, associé à l’adoption de mesures pour sa mise en œuvre effective, serait un pas dans la bonne direction. Pour garantir que les politiques publiques répondent aux besoins des populations autochtones et reflètent leurs aspirations, il est essentiel de remédier à l’absence généralisée de cadres institutionnels et juridiques leur permettant de participer au processus de prise de décision.» 

Les nouveaux chiffres  énoncés dans le rapport, intitulé Implementing the ILO Indigenous and Tribal Peoples Convention No. 169: Towards an inclusive, sustainable and just future  (Appliquer la convention (n° 169) relative aux peuples indigènes et tribaux: vers un avenir inclusif, durable et équitable), montrent que le nombre de personnes autochtones dans le monde est considérablement plus élevé qu’on ne le pensait, puisqu’il dépasse les 6% de la population mondiale, c’est-à-dire plus de 476 millions d’individus – soit beaucoup plus que la population des Etats-Unis et du Canada réunis. Plus de 80% des personnes autochtones dans le monde vivent dans des pays à revenu moyen. 

La convention est le seul traité international ouvert à la ratification qui vise spécifiquement à promouvoir et protéger les droits des populations indigènes et tribales. Actuellement, 23% des 187 Etats Membres de l’OIT ont ratifié la convention n° 169 , ce qui signifie que seulement 15% des populations autochtones dans le monde vivent dans des pays couverts par la convention.

A l’échelle mondiale, il y aurait plus de 5 000 communautés autochtones différentes, réparties dans environ 90 pays.

Aujourd’hui, les moyens de subsistance et les activités économiques de nombreuses personnes autochtones évoluent. Le rapport indique qu’environ 45% des femmes et des hommes autochtones travaillent en dehors du secteur agricole.

Malgré leur surreprésentation parmi les plus démunis, les populations autochtones ont, au niveau mondial, un taux d’activité supérieur à celui du reste de la population (63,3% contre 59,1%): c’est l’un des constats faits dans le rapport. Or, ces chiffres s’accompagnent de différences importantes en termes de qualité de l’emploi, les populations autochtones étant en effet souvent confrontées à la fois à de mauvaises conditions de travail et à la discrimination.

Selon le rapport, plus de 86% des populations autochtones dans le monde travaillent dans l’économie informelle – laquelle est souvent associée à de mauvaises conditions de travail et à l’absence de protection sociale –, contre 66% pour les autres catégories de la population.

Les femmes autochtones se heurtent à des difficultés particulières, avec des taux d’informalité dépassant de 25 points de pourcentage ceux des femmes non autochtones. Ce sont elles qui ont la plus faible probabilité de terminer leur scolarité de base et le plus de risques de se retrouver dans une situation d’extrême pauvreté. Elles sont aussi les plus représentées dans le travail familial (près de 34%). Dans le même temps, seul un quart (24,4%) des femmes autochtones ont un travail salarié, proportion plus faible que parmi les femmes non autochtones (51,1%) et les hommes autochtones (30,1%).

Même dans l’emploi salarié, les personnes autochtones gagnent en moyenne 18% de moins que les autres catégories de la population.

Le rapport constate que les taux d’emploi les plus élevés enregistrés pour les populations autochtones peuvent traduire la nécessité, induite par la pauvreté, de s’adonner à toute forme d’activité génératrice de revenu, même s’il s’agit d’emplois mal rémunérés et exercés dans de mauvaises conditions de travail.

Le rapport souligne que, malgré les progrès accomplis dans les cadres de politique publique, il est urgent de s’attaquer aux inégalités auxquelles sont confrontées les populations autochtones. Il recense aussi de nombreuses possibilités de remédier à cette situation et de donner des moyens d’action aux femmes et aux hommes autochtones, en tant qu’acteurs du développement et du climat, pour réaliser les Objectifs de développement durable  et l’Accord de Paris sur les changements climatiques .

La ratification et la mise en œuvre de la convention n° 169 de l’OIT est déterminante pour aller de l’avant, et notamment pour créer et renforcer des institutions publiques et des cadres juridiques qui permettent la consultation et la participation des populations autochtones.

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