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Nouvelle mission d’ICRA chez les Bakola et Bagyéli du sud-Cameroun

Il y a quatre ans, une mission d’ICRA était allée à la rencontre des communautés pygmées Baka, Bakola et Bagyéli de la forêt équatoriale au sud-Cameroun afin de se rendre compte de la situation actuelle de ces communautés forestières impactées notamment par la déforestation, les plantations de palmiers à huile et d’hévéas et le passage du pipeline venant du Tchad voisin et traversant la forêt jusqu’à Kribi sur la côte ouest du Cameroun. 
Une nouvelle mission s’est rendue courant mars 2023 dans les campements Bakola et Bagyéli visités en 2019 pour le suivi des programmes de terrain mis en place après la première mission. Nous avons également visité d’autres campements Bagyéli situés à la frontière guinéenne.

Par ailleurs, les images tournées en 2019 ont grandement contribué au plaidoyer soutenu par une association partenaire, l’APED, à l’encontre des sociétés de plantations d’hévéas

Les Bakola et les Bagyéli vivent dans de petits villages ou campements plus ou moins temporaires, plus ou moins éloignés des pistes. Les plus grands villages possèdent de nombreuses maisons en dur, en poto poto, constituées d’une ossature en bois dur et en bambou complétée de terre. Les huttes traditionnelles, constituées de branchages et de feuilles ne sont jamais loin. 
Pendant les périodes de chasse qui ont le plus souvent lieu en saison des pluies, les villages se désertifient et pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois, les familles parcourent la forêt à la recherche de gibier, consommant également les champignons et autres produits comestibles que leur offre une nature généreuse.

En saison sèche, lorsque le gibier se fait plus rare et est plus difficile à pister, les communautés rejoignent les villages et pratiquent aux alentours la culture sur abattis de manioc, bananes plantains, maïs, etc. Mais la forêt n’est pas loin et les femmes en profitent pour pratiquer la pêche de barrage le long des rivières et les hommes y retournent dès qu’une occasion se présente. 

De part la proximité de l’océan et d’un réseau routier plus dense, la déforestation est plus marquée à l’ouest et les campements Bagyéli notamment sont plus touchés par le développement des plantations de palmiers à huile et d’hévéas,
 le tracé du pipeline et la récente ouverture du port en eau profonde de Kribi afin de permettre l’exportation du bois et autres matières premières vers nos contrées occidentales sur-consommatrices. 

Les communautés n’ont jamais été consultées et les promesses de dédommagement non tenues. Il n’y a bien sûr pas eu de CLIP, de consultation libre, informée et préalable des populations concernées, pourtant obligatoire pour tous programmes de développement en terre autochtone... Coincés entre les installations portuaires et les plantations industrielles, les campements résistent... mais pour combien de temps ? 

Tout au long de notre première mission, les communautés nous ont fait part de leurs besoins, notamment sur les plans médical, éducatif et alimentaire et deux programmes ont été initiés.
 
Cette nouvelle mission avait notamment pour objectif de faire le point sur l’avancée de ces deux programmes qui ont notamment été retardés par la pandémie.

Nous nous sommes également rendus au sud de Kribi, dans le parc national de Campo Ma’an, à la frontière de la Guinée Equatoriale, à la rencontre de plusieurs groupes Bagyéli
Hervé Valentin, ICRA International 

Le prochain thema de notre journal Ikewan du mois de mai sera consacré à cette nouvelle mission en pays Bakola et Bagyéli

Un grand merci à l’équipe du CERAD, Patrice Bigombé Logo et Paul-Félix Mimboh, à Sadrack, chef Bakola du village de Ngoyang, à Victorien Mba et Steve de l’APED, à Luz Amparo, Directrice du Fondaf, à Alain, Samba et Raphaël, instituteurs au Fondaf de Bipindi, à Voubio, responsable du foyer de Mill. 

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