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EDF suspend Shweli 3 en Birmanie

Info Birmanie et Justice For Myanmar saluent la décision d'Électricité de France (EDF) de suspendre son projet de méga-barrage Shweli-3 en Birmanie en raison de la situation des droits humains à la suite du coup d’État militaire du 1er février. EDF, une société cotée en bourse détenue majoritairement par l'État français, dirige un consortium chargé de construire le barrage Shweli-3 ainsi qu'une centrale électrique de 671 mégawatts dans l'État Shan. Cet État est en proie aux conflits et l’armée birmane y est mise en cause pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité. La société japonaise Marubeni et la société birmane Ayeyar Hinthar sont également des investisseurs du projet, qui coûterait 1,51 milliard de dollars USD.
 
Yadanar Maung, porte-parole de Justice For Myanmar, déclare: « Nous saluons la décision d'EDF de suspendre le projet hydroélectrique Shweli-3, qui aurait impliqué d’être en relation d’affaires avec la junte militaire composée de criminels qui tuent délibérément des manifestants pacifiques et commettent de probables crimes contre l'Humanité. Le méga-barrage Shweli-3 n'aurait jamais dû atteindre ce stade. Il est situé dans l'état Shan, une région ethnique où les conflits et des violations systémiques des droits humains sont en cours. Nous appelons toutes les entreprises à mettre fin à leurs activités avec l'armée birmane. Total, dont les paiements de gaz financeront la junte s'ils poursuivent leurs activités comme d'habitude, devrait désormais suivre l'exemple donné par EDF et couper les liens. »
 
Pour Sophie Brondel, coordinatrice d'Info Birmanie, « la décision d'EDF de suspendre le projet hydroélectrique Shweli-3 est un jalon et indique la voie à suivre pour les entreprises françaises en Birmanie. Nous appelons en particulier toutes les entreprises liées à la junte à rompre ces liens. Les entreprises ont la responsabilité de se tenir du côté de la démocratie et de s'assurer qu'elles n’alimentent pas la junte. Le statu quo n'est pas une option.»
 
En février, le chef de la junte militaire, Min Aung Hlaing, a déclaré que le régime «continuerait à mettre en œuvre» les projets hydroélectriques existants ». La décision d'EDF de se retirer de Shweli-3 met cette affirmation en doute.

Par ailleurs, le 16 avril, le géant sud-coréen de l’acier Posco a annoncé que sa filiale au Myanmar, Posco C&C, allait rompre ses relations avec Myanmar Economic Holding Ltd, le conglomérat industriel d’État appartenant aux militaires auteurs du coup d’État sanglant du 1er février, qui a fait à ce jour au moins 700 morts et 3 000 arrestations.

Cette annonce fait suite aux pressions exercées par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains sur les dirigeants, les actionnaires et les investisseurs de la société sud-coréenne. Un rapport publié par Amnesty International en septembre 2020 avait accusé Posco de financer des unités des forces armées du Myanmar responsables de crimes au regard du droit international.

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