Le 1er janvier 1994, les zapatistes occupent par surprise cinq villes du Chiapas et donnent à connaître au Mexique et au monde entier leurs revendications : travail, terre, alimentation, santé, éducation, indépendance, liberté, démocratie, justice et paix. En 1996, les Accords de San Andrés doivent permettre la reconnaissance du droit à l’autodétermination des peuples indigènes du Mexique.
Sans surprise, ils ne seront jamais respectés par les gouvernements successifs. Depuis, dans une situation de contre-insurrection permanente, l’EZLN et les communautés zapatistes choisissent la voie de la construction de leur autonomie et de la mise en pratique unilatérale de leurs exigences.
Paroles du Comité clandestin révolutionnaire indigène
“Sœurs, frères,
Il y a vingt-six ans, un soir comme celui-ci, nous sommes descendus de nos montagnes vers les grandes villes pour défier le puissant.
Nous n’avions alors rien d’autre que notre mort.
Une mort double, car nous mourions de la mort et nous mourions de l’oubli.
Et nous avons dû choisir.
Choisir entre mourir comme des animaux ou mourir comme des êtres humains qui se battent pour la vie.
Alors le jour s’est levé sur ce 1er janvier avec le feu dans nos mains.
Le puissant que nous affrontions alors était le même qui nous méprise aujourd’hui.
Il avait un autre nom et un autre visage, mais il était et il est toujours le même aujourd’hui.
Il s’est passé alors ce qui s’est passé et s’est ouvert un espace pour la parole.
Nous avons alors ouvert notre cœur au cœur frère et compagnon.
Et notre voix a trouvé soutien et réconfort dans toutes les couleurs du monde d’en bas.
Le puissant a triché, il a joué un tour, il a menti et il a suivi son plan pour nous détruire.
Tout comme le fait le puissant d’aujourd’hui.
★
Mais nous avons résisté et brandi bien haut le drapeau de notre rébellion.
Avec l’aide de toutes les couleurs du monde entier, nous avons commencé à construire un projet de vie dans ces montagnes.
Persécutés par la force et le mensonge du puissant, alors comme maintenant, nous nous sommes obstinés tenacement à construire quelque chose de nouveau.
Nous avons connu des échecs et des erreurs, c’est vrai.
Nous en ferons sûrement d’autres sur notre long chemin.
Mais nous ne nous sommes jamais rendus.
Nous ne nous sommes jamais vendus.
Nous n’avons jamais capitulé.
Nous avons cherché toutes les voies possibles pour que la parole, le dialogue et l’accord soient les voies pour construire la paix avec justice et dignité.
Mais, alors comme maintenant, le puissant a fait la sourde oreille et s’est caché derrière le mensonge.
Comme pour le puissant de maintenant, le mépris a été et est encore l’arme qui accompagne ses militaires, policiers, gardes nationaux, paramilitaires et programmes anti-insurrectionnels.
Tous les puissants, ceux qui ont été en place et ceux de maintenant, ont fait la même chose.
Autrement dit, ils ont essayé et essayent de nous détruire.
Et chaque année tous les puissants se consolent et se font des illusions en pensant qu’ils en ont fini avec nous.
Ils disent qu’il n’y a plus de zapatistes.
Que nous ne sommes plus que très peu en résistance et en rébellion.
Qu’il ne reste peut-être plus qu’un seul zapatiste.
Et ils célèbrent chaque année leur victoire.
Et chaque année, les puissants se félicitent en disant qu’ils en ont fini avec les rébellions indigènes.
Que nous sommes déjà vaincus, disent-ils.
Mais chaque année, nous, zapatistes, nous nous montrons et nous crions :
Nous sommes là !“…