À l’issue d’un procès entamé en 2021, le jugement que vient de rendre la Cour suprême brésilienne a renforcé les droits fonciers des autochtones, rejetant ainsi les positions défendues par le puissant lobby de l’agrobusiness et de l’opposition de droite.
L’enjeu de ce procès à la Cour suprême était crucial : sauvegarder le droit à la terre des autochtones du Brésil et le processus de démarcation des territoires Amérindiens.
Jeudi 21 septembre, les peuples autochtones du Brésil ont donc remporté une importante victoire fêtée par l’ensemble des Amérindiens et par leurs soutiens.
Le puissant lobby de l’agrobusiness défendait la thèse du « cadre temporel » au nom de la « sécurité juridique » des exploitants, et proposait de ne reconnaître comme terres revenant de droit aux autochtones seulement celles qu’ils occupaient ou revendiquaient officiellement au moment de la promulgation de la Constitution en 1988.
Ce jugement rendu par la Cour suprême, qui fera jurisprudence, portait plus précisément sur le cas du territoire Laklano, dans l'Etat de Santa Catarina, territoire du peuple Xokleng.
Ce territoire avait perdu son statut de réserve indigène du peuple Xokleng en 2009. Les juges avaient alors justifié leur décision en expliquant que ces terres n'étaient pas occupées par les autochtones en 1988. Ils en avaient été expulsés pendant la dictature.
Les autochtones expliquent en effet que certains territoires n'étaient plus occupés à cette époque car ils en avaient été expulsés, notamment sous la dernière dictature militaire (1964-1985). Selon l'Institut socio-environnemental, près d'un tiers des plus de 700 réserves indigènes déjà délimitées au Brésil auraient pu être affectées en cas de jugement favorable au “cadre temporel”.
Pour J. Wapichana, nouvelle présidente de la Funai, ce jugement met fin aux années noires vécues par les autochtones durant le mandat de Jair Bolsonaro qui avait promis de ne "pas céder un centimètre de plus" aux peuples autochtones et avait ouvert de vastes zones d’Amazonie à la déforestation et aux cultures industrielles.
A présent, c’est au gouvernement du président Lula, dont l’élection en janvier dernier a redonné espoir aux Amérindiens du Brésil, d’avancer sur la démarcation des terres autochtones.