Agir avec les peuples oubliés ICRA International

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Les images des zones de plantations industrielles d’Hevecam et de SudCam, tournées par l’équipe d’ICRA à l’aide d’un drone au sud Cameroun en pays Bagyéli et Baka, ont été intégrées aux plaidoyers engagés avec succès auprès de ces deux entreprises par l’association APED.

Comme beaucoup de pays de la zone équatoriale, le Cameroun est touché depuis quelques décennies par l’extension de ces plantations industrielles qui alimentent nos sociétés en huile et en caoutchouc bon marché.

En ces temps où l’on promeut les plantations de palmiers pour fournir du combustible - biocarburant - aux pays du Nord, les consommateurs doivent savoir que ce n’est en aucune manière un combustible “vert”. Sa vraie couleur est plutôt un mélange d’exploitation sociale, de violation des droits humains, notamment des droits des populations autochtones sur leurs terres, et de destruction environnementale !

À quarante kilomètres au nord-est de la ville de Kribi, ce sont les plantations d’hévéas de la société camerounaise Hevecam qui ont envahi il y a quelques années les terres de la communauté Bagyéli de Djamba. Pour Bienvenue, responsable de la petite communauté de Mbébé, les problèmes ont commencé quand Hevecam a jeté son dévolu sur leurs terres : “nous n’avons pas été consultés, nous avons été mis devant le fait accompli : nous devions partir, laisser notre village, notre forêt, nos champs et les tombes de nos ancêtres. Les engins sont venus, ont tout rasé, puis les surfaces ont été plantées d’hévéas. Notre lieu de vie en forêt a été complétement détruit, nous n’avons plus où chasser, où pêcher, où pratiquer l’agriculture. Nous n’avons plus qu’un espace très réduit, près des maisons, entouré par les champs des Bantou. Nous n’avons pas eu de compensation suite à cette expropriation”. Mais les 15 habitants du campement veulent rester ici, non loin de leurs anciennes terres, même si la vie est difficile.

Des forêt sauvées
Lors de la mission d’ICRA au sud-Cameroun en 2019, nous avions à l’aide d’un drone, réussi à tourner des images de l’étendue des plantations d’hévéas autour de Mbébé. Ces images ont été par la suite intégrées au plaidoyer entrepris en 2021 par l’APED (Appui pour la protection de l’environnement et du développement) auprès d’Hevecam et ont, selon Victorien Mba, Président de l’APED , grandement contribué à illustrer l’étendue des dégâts, la proximité des campements et des zones de vie des Bagyéli. 

Suite à ce plaidoyer, Hevecam s’est engagé à stopper la déforestation et les plantations sur cette concession : sur les 7000 hectares de la concession octroyée par l’Etat camerounais, 800 hectares resterons plantés, mais suite à cette décision, 6200 hectares de forêt sont sauvés ! La petite communauté Bagyéli de Mbébé et de Djamba respire.

Par ailleurs, chez les Baka de la région de Djoum plus à l’Est, l’entreprise SudCam s’est également engagée à stopper la déforestation. Sur les 75000 hectares acquis par SudCam, seulement 10000 hectares sont plantés.

Ces négociations, souvent longues et épuisantes, menées par la courageuse équipe de l’APED, sont parfois couronnées de succès. 

La lutte contre la déforestation est la plus importante des batailles à mener afin que les communautés forestières puissent poursuivre leur mode de vie, car sans territoire, sans forêt, l’avenir semble bien sombre.

ICRA va essayer de soutenir l’APED dans ses plaidoyers en cours, notamment contre la société CamVert qui vient d’acquérir une concession de 50000 hectares dans la zone tampon du parc national de Campo Ma’an afin d’y planter des palmiers à huile.
HV
Illustration : Déforestation en terre bagyéli   ©Icra International

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