Ce mardi 11 avril 2023 débutent à Paris des rencontres bilatérales entre l’État et des représentants indépendantistes de Kanaky-Nouvelle Calédonie. Au programme des discussions : le dégel du corps électoral et la question de l’autodétermination du peuple kanak.
Un an et demi après un troisième référendum volé au peuple Kanak, l’État colonial souhaite s’attaquer frontalement à un point très sensible et pour lequel les indépendantistes ont toujours été unanimes. En effet dès mars dernier, c’est avec mépris lors de sa visite à Nouméa que Darmanin affirmait que les élections provinciales de mai 2024 se réaliseront avec une modification du corps électoral, et ce avant même toute discussion avec les représentants indépendantistes.
Le corps électoral est un enjeu crucial des accords de Nouméa signés en 1998. Face à la colonisation de peuplement, le peuple Kanak qui lutte pour son autodétermination devenait de plus en plus en minorité sur ses propres terres. Les indépendantistes kanak ont réussi à faire intégrer dans les Accords de Nouméa le gel du corps électoral. Il ne faut pas oublier non plus que ce sont les Kanak qui avaient ouvert le corps électoral aux victimes de l’Histoire, entre autres les descendants du bagne. Malgré le gel du corps électoral, les Kanak restent minoritaires.
Le deuxième référendum et la force de l’unité indépendantiste
Les résultats du second référendum en octobre 2020 montraient une spectaculaire progression des indépendantistes, avec des scores très serrés : 46,7 % de "oui" à la pleine souveraineté contre 53% de "non", faisant craindre au pouvoir colonialiste la victoire des indépendantistes. Entre le 2ème et le 3ème référendum, l’unité indépendantiste kanak s’est structurée avec la lutte pour le reprise de l’usine Vale et la défense des ressources du pays. Malgré la répression, l’unité autour de cette lutte a permis d’inverser le rapport de force au niveau politique. L’élection de Louis Mapou en juillet 2021, en nouveau président du gouvernement local, représente une victoire historique : premier indépendantiste kanak à cette fonction depuis les accords de Nouméa.
Un troisième référendum volé au peuple kanak
A l’automne 2021 alors que le Covid touchait de plein fouet l’archipel, les Kanak ont été les plus nombreux parmi les victimes. Malgré un appel unitaire des indépendantistes et des organisations solidaires en France pour le report du 3ème référendum face au deuil national Kanak, le pouvoir colonial imposait la date du 12 décembre 2021. Il organisa coûte que coûte cette consultation avant les présidentielles au printemps 2022, et avec des dizaines d’escadrons militaires envoyés sur place ; avec un résultat caricatural : 96,5% pour le maintien de la colonisation française ... mais c’est un referendum à propos de l’avenir de la Kanaky organisé sans (et contre) le peuple Kanak ! Le taux de participation a chuté de moitié, passant de 85,69% à 43,9%. Dans la province des Îles, la non-participation atteint 95,5%, dans celle du Nord, 83,4%…
Collectif Solidarité Kanaky