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Les Kali’na en lutte contre une centrale électrique

Alors que depuis 30 ans les habitants du village Prospérité en Guyane revendiquent qu’un terrain lui soit confié au titre des “zones de droit d’usage collectif”, ce terrain a finalement été accordé à la société hydrogène de France pour y implanter une centrale électrique. Ce projet prévoit de raser 78 hectares de forêt amazonienne, qui s’avère être le territoire de vie, de chasse et de pêche des habitants du village. 

Depuis 3 ans le village se bat contre l’emplacement de ce projet sur les terres qu’ils revendiquent. La répression s’est accentuée suite à une mobilisation pacifiste des villageois contre la poursuite des travaux. Depuis le 24 octobre, ils occupent physiquement le chantier pour empêcher la reprise des travaux.

Venue du village de Prospérité où la mobilisation bat son plein, une délégation guyanaise était présente à Paris en décembre pour affirmer son opposition au projet. Une conférence de presse s’est tenue au CICP le 6 décembre.

Pour Christophe Yanuwana Pierre, membre de la Jeunesse autochtone de Guyane, “il y a bien un réel déficit énergétique en Guyane : plus de 30% de la population n’est pas recordée au réseau d’électricité. On ne peut nier le problème, mais il faut le résoudre de manière intelligente, pas en saccageant une forêt pour installer des panneaux solaires.”

Pour Roland Sjabere, chef coutumier du Village de Prospérité, “les autorités s’étaient déjà entendues avant de nous prévenir. On ne s’est jamais opposé à ce projet, on veut juste le déplacer. Ce n’est pas l’espace qui manque en Guyane, mieux vaut utiliser des espaces déboisés que de raser cette forêt à proximité de notre village.”

Sur la parcelle de 140 hectares dédiée au projet, 78 hectares sont en cours de déboisement. Soit l’équivalent de 107 terrains de football. 

Depuis un an, les tensions se sont accrues entre les autorités et les villageois. Des manifestations ont eu lieu, et, afin d’empêcher le déboisement, les villageois occupent la zone. Des carbets ont été construits, une amaZonie A Défendre, en référence aux ZAD, s’organise. Les autorités ont procédé à des arrestations. 

Selon Christophe Yanuwana Pierre, “le village de Prospérité a une histoire particulière : le village existe depuis 36 ans, ses habitants ont fuit la guerre au Surinam. Ce peuplement récent est l’un des argumentaire avancé par les promoteurs du projet. Mais les villageois ont développé un lien avec cette forêt, leur nouveau lieu de vie : il y puisent leur nourriture, s’y épanouissent, c’est un lieu de transmission des savoirs.” 
Et de poursuivre : “Il existe un cadre juridique avancé pour protéger la biodiversité mais pas pour protéger les droits des autochtones. Pour essayer de stopper le projet, on est obligé de mettre en avant la possible disparition d’une espèce d’animal et non la menace sur une communauté humaine!
Le droit de la forêt, de la biodiversité est plus avancé que les droits humains : on est bien content d’avoir ce petit opossum mais on aimerait aussi être un peu plus considéré!”



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